Mike Curato vit à New York, dans le quartier de Brooklyn. Début avril, il s’est rendu en Europe, à la rencontre de ses lecteurs. L’occasion pour nous de lui poser quelques questions sur son travail et ce qui lui a inspiré son attendrissant Petit Elliot.

Pour commencer, une question toute simple : pourquoi avez-vous choisi de dessiner un petit éléphant à pois ?

Mike Curato : Elliot a été inspiré par deux personnages différents. Le premier est une figurine que ma grand-mère m’a offerte lorsque j’étais enfant. C’était un éléphant tout petit, bleu et blanc, qui faisait de la musique. Pour ce qui est des pois multicolores, ils viennent de Rudolph, le renne au nez rouge. Elliot est une sorte de combinaison entre ces deux personnages qui me rappellent beaucoup mon enfance. Il y a aussi à mes yeux quelque chose d’attachant à faire d’un animal d’ordinaire si énorme, un personnage si petit. Elliot, je l’ai dessiné longtemps pour m’amuser dans mes carnets sans idée précise, sans intention d’en faire une histoire. Puis des années après, j’ai commencé à produire des travaux plus aboutis dans lesquelles il apparaissait. Quand j’ai été repéré, Elliot se trouvait un peu partout dans mon portfolio, et les éditeurs ont tout de suite été intéressés par ce personnage.

Vous êtes donc parti de ce personnage, que vous avez, par la suite, mis en situation ?

Mike Curato : Après la fin de mes études, j’ai cherché pendant dix ans à être publié. Je n’avais à l’époque qu’un portfolio. Un jour je me suis rendu à une conférence de littérature jeunesse : « the Society of Children’s Book writers and illustrators .» Il y eu un concours de portfolio et je l’ai remporté. Les éditeurs ont commencé à s’intéresser à mon personnage et je me suis mis à créer des histoires. Par exemple dans Elliot et la Grande ville, on peut voir Elliot regardant à travers la vitre d’une pâtisserie : cette image vient directement de mon portfolio d’origine. 

Mike Curato et son Petit Elliot

Quel est le message que vous souhaitez faire passer avec cette série ?

Mike Curato : Avant tout, que la taille importe peu. On peut être tout petit et accomplir de grandes choses. Et plus encore, que la petitesse ou la grandeur sont toujours relatives. Nous nous sentons tous, par moments, tout petit dans ce monde. Ce qui importe, c’est que nous puissions ressentir de l’empathie les uns pour les autres et que nous nous serrions les coudes. Alors, même les problèmes qui nous semblent les plus insolubles peuvent être surmontés. Ça c’est un message fondamental du livre : ne jamais sous-estimer l’importance de l’amitié !

Mike Curato et l'équipe de Casterman jeunesse

Pouvez-vous nous parler de votre technique de travail ?

Mike Curato : Toutes les illustrations sont réalisées au crayon. Ensuite je les scanne et je les mets en couleurs sur Photoshop. Les nombreuses couches successives apportent une certaine intensité aux couleurs tout en permettant, par transparence, de conserver les textures du dessin d’origine.

Cet album, c’est d’abord beaucoup de recherches sur l’époque dans laquelle se déroule l’histoire, la fin des années 1930. Vivre à New-York est un gros avantage pour moi : je peux aller en repérage les lieux et prendre des photos. Mais bien sûr, il y a plein de choses qui ont disparu et dont je ne peux personnellement pas me rendre compte. Je suis obligé de faire des recherches sur internet, dans les bibliothèques ou dans les archives. J'aime ce travail préalable, mais cela peut être très frustrant, lorsque l’on n’arrive pas à trouver ce qu’on est venu chercher. Quoi qu’il en soit, ces recherches sont toujours très utiles et cela se voit dans le résultat final.

Les différentes étapes du travail de Mike

Vos couleurs ont quelque chose de vintage, avez-vous des influences particulières ?

Mike Curato : Oui, les tons sont plutôt doux, presque nostalgiques. Je citerais à cet égard le peintre Edward Hopper. Ma palette de couleurs est largement inspirée par son travail. Dans le livre, je n’ai pas hésité à assombrir l’environnement, pour créer un contraste avec le personnage lumineux qu’est Elliot. Je voulais qu’il apparaisse comme une note d’espérance et d’optimisme dans ce monde parfois si noir.

Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux. Cela vous a-t-il permis de mieux faire connaitre votre personnage ?

Mike Curato : Oui bien sûr. Je pense qu’il est important pour un nouvel auteur comme moi que les gens me découvrent et apprennent à me connaitre. Peut-être qu’un jour, j'aurai moins de temps pour partager et échanger aussi souvent. Mais, oui, je pense que c’est essentiel d’établir des liens avec les gens et de répondre aux questions.

Suivez les aventures d'Elliot sur Instagram @mike_curato ! © Mike Curato

C'est une excellente idée de prendre en photo la peluche d’Elliot en situation !

Mike Curato : Je pense qu’il y a quelque chose de particulier dans ce personnage. Je ne voudrais pas paraitre prétentieux mais même moi, je m’attendris parfois devant Elliot ! Je le regarde et je me dis : Qu’il est mignon ! (rires) Donc oui, je pense que c’est une façon marrante de projeter son univers hors du livre et de partager mon plaisir avec les utilisateurs, les enfants, les écoliers, les classes.

Merci beaucoup Mike, bon retour à New-York !